La pêche et l’élevage de poissons

Nous ne sommes pas devenus vegan en une fois. D’abord nous avons arrêté de manger de la viande en provenance d’animaux de terre, ensuite nous n’avons plus consommé ni œufs ni lait pour finalement arrêter également le poisson et les crustacés. C’est étrange que d’une certaine manière les poissons ne soient pas aussi respectés qu’ils ne devraient l’être ! Est-ce parce qu’ils sont peut-être trop différents de nous, mammifères, ou parce qu’on ne les voit pas dans leur milieu naturel ? Peut-être est-ce aussi dû au mythe qu’ils ne ressentent pas de douleur ? Quoiqu’il en soit, je souhaiterais qu’à l’époque j’eusse plus étroitement examiné l’évidence de la sensibilité des poissons dont on n’a que trop de preuves. Un article qui a été récemment publié montre clairement les choses étonnantes dont les poissons sont capables comme utiliser des outils, ressentir de la peine et la recherche de plaisir, reconnaître des individus, faire confiance à certains, craindre d’autres etc. http://animalstudiesrepository.org/cgi/viewcontent.cgi?article=1112&context=animsent
Combien de douleur n’infligeons-nous pas aux poissons et aux animaux aquatiques en supposant à tort qu’ils ne ressentent rien. Eh bien, pour être sincère, c’est presque comme si nous étions en guerre avec eux…..
Le poisson et les animaux aquatiques sont les êtres les plus exploités dans le monde. Tant de poissons, crustacés, mollusques et autres animaux aquatiques sont tués, plus de 167 millions de tonnes en 2014 (http://www.fao.org/3/a-i5716t.pdf) que le nombre de vies individuelles est compté en trillions, au moins quelques centaines par personne. 
A la pêche nous utilisons de grands filets pour les ramasser à la pelle ou des kilomètres de lignes de hameçons pour les attraper. On les tue en les écrasant, en les asphyxiant ou en rompant leurs organes internes par le changement de pression.

Nous jetons aussi une grande proportion de ce que nous appelons « les prises accessoires » (un terme euphémique pour les mauvaises prises qui ne pourront pas être vendues) mortes ou agonisantes. Ces victimes non désirées ainsi que celles attrapées d’une façon illégale et par des engins de pêches jetés ou perdus ne sont pas comptabilisées dans les statistiques de production, pas plus que les oiseaux de mer, les dauphins, les tortues qui sont attrapées et tuées.

Une grande part de la population de poissons dans le monde est surpêchée et pourtant les avertissements des scientifiques sont ignorés par les politiciens qui restent sous l’influence des lobbies. Ce n’est pas surprenant puisque l’argent impliqué est colossal, que la valeur estimée des poissons et des animaux aquatiques pêchés s’élève à environs 125 milliards de dollars pour 93 millions de tonnes en 2014. Et bien sûr, il y a des emplois en jeu : plus de 37 millions de pêcheurs (hommes et femmes) en 2014.

Mais les poissons et les animaux aquatiques ne sont pas seulement attrapés dans la nature, ils sont aussi élevés : l’aquaculture a été estimée à environ 160 milliards de dollars en 2014 pour 74 millions de tonnes. Pour l’aquaculture vaut comme pour l’élevage industriel la règle de la productivité maximale c’est-à-dire le plus grand bénéfice. Alors « le produit » comme les poissons, mollusques ou crustacés sont gardés en masse dans des cages, filets ou bassins. Ils sont nourris avec de la farine d’autres poissons comme les harengs et les anchois. Cela diminue les réserves de ces poissons et réduit l’alimentation d’autres animaux comme les dauphins, phoques, lions de mers et oiseaux de mer qui en vivent. Ils sont également alimentés par de la nourriture de poisson élaborée à partir de céréales dont pourraient se nourrir des gens à leur place. A cause des conditions de confinement les animaux ont besoin de pesticides et d’antibiotiques pour rester en bonne santé. Apparemment les filets et les cages n’empêchent pas ces drogues de pénétrer dans l’environnement immédiat où elles peuvent nuire à l’écosystème tout comme l’excès de nourriture et d’excréments. Les filets et les cages peuvent être endommagés par des tempêtes, le bris et de gros animaux de mer ce qui permet aux animaux d’élevage de s’échapper. Ils peuvent s’accoupler avec des animaux sauvages et ainsi créer des hybrides qui ne conviennent pas à l’environnement naturel.

On n’évoque pas seulement l’argent et l’emploi pour justifier l’exploitation d’animaux aquatiques mais le fait qu’ils représentent une source importante de protéines mais comme le document de la FAO référencé ci-dessus montre en page 62 ils participent uniquement pour 6,6 % aux sources de protéines disponibles pour la consommation humaine en 2013. La vérité c’est que le monde n’est pas en manque de nourriture et de protéines : il a des problèmes de distribution et d’utilisation. Trop de récoltes sont utilisés à fin de nourriture d’animaux pour la consommation de pays riches qui mangent déjà beaucoup trop de protéines. On nous a inculqué dès notre plus jeune âge  « mange ta viande » et nous avons subi d’incalculables lavages de cerveau avertissant que nous avons besoin de protéines animales en grand nombre. C’est mal vu lorsque, à un repas festif, nous ne sommes pas rassemblés autour d’un grand morceau cuit d’animal mort. En réalité, nos besoins en protéines sont bien inférieurs à ce qu’on nous fait croire. La prise de référence diététique est de 0,8 gr de protéines par poids corporel ou 0,72 gr par kilo. Cela représente environ 56 gr par jour pour un homme de poids moyen menant une vie sédentaire et 46 gr par jour pour une femme de poids moyen et sédentaire. En Amérique du Nord et en Europe la prise moyenne est de 100 gr par jour, à peu près le double de la prise recommandée. Les protéines excédentaires dont le corps n’a pas besoin sont transformées en énergie, soit près de 4 calories par gramme. Est-ce la raison pour laquelle les régions du monde ayant la prise de protéines la plus élevée ont également les taux d’obésité les plus élevés ?

La consommation excessive de protéines mène aussi à des problèmes rénaux, de l’ostéoporose et au cancer. Comme démontré ci-dessus, il y a des raisons environnementales et morales à ne pas consommer du poisson et des animaux aquatiques. Si elles ne vous persuadent pas, peut-être que les risques que vous encourez pour votre santé le feront-ils ?!

D’autres liens intéressants (en anglais)

(Merci à Marilou van der Dussen pour la traduction en français)